Pistorius indisposé par l’autopsie de Reeva Steenkamp

Pretoria
Le champion sud-africain Oscar Pistorius a été pris de nausées au tribunal et a vomi lundi durant le compte-rendu de l’autopsie de sa victime, sa petite amie Reeva Steenkamp, qu’il a tuée dans la nuit de la Saint-Valentin 2013.
Prostré dans le box des accusés, se tamponnant les yeux avec un mouchoir, l’athlète handicapé de 27 ans s’est plié en deux, croisant les mains derrière la nuque, se serrant la tête dans les coudes, avant de vomir tandis que le médecin légiste venait de décrire l’état du crâne de Reeva fracassé par une balle.
Alors que le compte-rendu se poursuivait, les nombreux journalistes présents à l’audience pouvaient le voir sangloter, les épaules effondrées, haletant. Ses hoquets étaient si forts que le micro placé devant Pistorius a dû être éloigné afin qu’on les entende moins.
Aucune chaine de télévision n’a eu le droit de filmer en direct la déposition du légiste ou l’attitude de Pistorius.
À la demande du médecin légiste Gert Saayman, la retransmission en direct de sa déposition a été interdite lundi. «Il n’y aura pas de retransmission (audio et vidéo) en direct. (…) Cela concerne également Twitter», a décidé la juge Thokozile Masipa.
Le Pr Saayman avait été chargé d’autopsier le 15 février 2013, au lendemain du décès.
L’autopsie, a-t-il rappelé, a conclu que la mort de Reeva avait été provoquée par ses multiples blessures par balle.
Il a aussi décrit les effets retrouvés dans le même sac mortuaire, un short Nike portant des taches de sang et une veste noire sans manches largement maculée de sang.
«Tout va bien»
Un vigile travaillant dans la résidence où habitait Oscar Pistorius est resté ferme lundi sur sa version des faits selon laquelle le champion paralympique sud-africain lui avait dit que «tout (allait) bien» juste après avoir tué son amie Reeva Steenkamp.
Soumis par l’avocat de la défense Barry Roux à un contre-interrogatoire courtois, mais serré, Pieter Baba, le témoin appelé à la barre, maintient sa version quand bien même la défense a produit des relevés horaires des appels téléphoniques du centre de sécurité du lotissement fortifié de Pretoria où habitait l’athlète, au moment du drame.
«J’ai appelé M. Pistorius en premier. M. Pistorius m’a appelé après. (…) Je suis celui qui a appelé en premier» après avoir été alerté par un voisin, a répété plusieurs fois le témoin de l’accusation, alors que le procès de l’athlète est entré dans sa deuxième semaine à Pretoria.
«M. Pistorius a appelé le premier et vous avez rappelé peu après», a rétorqué Me Roux.
«J’ai appelé M. Pistorius et M. Pistorius m’a dit “tout va bien”. Mais j’ai réalisé que M. Pistorius pleurait. Et la conversation a été coupée», a maintenu Pieter Baba, reprenant son premier témoignage de vendredi.
«M. Pistorius m’a rappelé, mais il pleurait, et la ligne a été à nouveau coupée. (…) Madame, ce que j’ai dit à la Cour est la vérité», a-t-il ajouté, s’adressant à la juge Thokozile Masipa.
L’avocat de la défense a ensuite montré à la Cour la première déposition de Pieter Baba à la police peu après le drame. Le témoin y déclare que l’athlète lui a dit qu’«il (allait) bien», et non pas «tout va bien» comme dans la seconde déposition, prise plus tard quand un autre inspecteur a repris l’enquête à zéro.
Pieter Baba a répondu qu’il était «très fatigué» au moment où il a fait sa première déposition.
Oscar Pistorius affirme avoir tué par accident sa petite amie, en la confondant avec un cambrioleur caché dans les toilettes de sa chambre. L’accusation l’accuse de l’avoir sciemment tuée alors que le couple qui se fréquentait depuis novembre 2012 s’était disputé.